Préparer un congé maternité quand on est entrepreneur nécessite plus que de se déclarer auprès des administrations compétentes. Mais il existe très peu d’informations pour savoir comment se préparer personnellement et professionnellement à ce tsunami qu’est la maternité quand on est entrepreneur. Voici les pistes pour organiser son départ et son retour en congé maternité.

Tu t’en doutes, avoir un enfant en étant indépendant ça s’organise !

Le problème, c’est que, quand tu tapes “préparer congé maternité entrepreneur” dans les barres de recherches, passé les 3 première pages sur les aspects administratifs, c’est le vide intersidérale. 

En effet, les informations concernant la préparation au congé maternité de l’entrepreneur se limitent encore à une date dans le temps et des indemnités. Or, quand on est notre propre boss, il y a tout un tas d’autres paramètres à prendre en compte et dont on ne parle jamais : 

“Est-ce que je vais avoir le temps de continuer mon activité ? Comment je vais gagner de l’argent si je m’arrête 3 mois ? Est-ce que je vais être physiquement et mentalement disponible ? Est-ce que je vais être la même personne avec les mêmes envies ?”

Ce manque de communication laisse les futures mères dans un flou qui peut, non seulement mettre en péril leur activité, mais aussi leur santé mentale. 

En tant qu ‘entrepreneure depuis 8 ans et ayant vécu 2 accouchements complètement différents dans cette période, j’ai voulu humblement contribuer à remplir ce vide en partageant ce qui a fonctionné ou pas pour moi. 

Dis-moi dans les commentaires en bas de l’article ce qui t’a le plus aidé. 

Les erreurs que j’ai commises pour mon premier congé maternité 

Invisibiliser la grossesse

Le modèle de réussite du monde du travail repose sur cette croyance que la performance doit être constante et linéaire. Pour coller à ce modèle, une femme doit se prouver qu’elle peut, autant qu’un homme, faire abstraction de la réalité de son cycle et des changements que provoquent la grossesse puis l’accouchement (sans parler des 3 ans de post-partum). 

C’est ce qu’on appelle, le phénomène d’invisibilisation de la maternité. Il est très bien expliqué dans le Podcast de Laure Dodier “Les Hyperlaxes” – épisode 3 que je t’invite à enregistrer dans ta playlist.

Et le problème, c’est qu’on a tendance à l’appliquer à nous-même.

Ayant eu la chance d’avoir une première grossesse sans complication, à part mon ventre proéminent que je cognais partout, rien dans mon esprit ne m’indiquait que ma vie allait changer. Je mettais un point d’honneur d’ailleurs, à faire comme si de rien n’était. J’ai continué à travailler jusqu’au dernier jour, malgré la perte de mes capacités physiques et intellectuelles pour travailler efficacement. 

Je te laisse imaginer le choc quand j’ai eu mon bébé dans les bras. Rattrapée par la réalité, mon post-partum n’en a été que plus difficile et long. 

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Préparer son départ et son retour comme des vacances

Le congé maternité d’entrepreneur est tout sauf un départ en vacances. Déjà, parce que j’ai, personnellement, eu peu d’occasions de partir plus de 3 mois en congés payés. Et deuxièmement, parce que les vacances… ben c’est reposant. 

Pour mon premier, j’avais bien préparé mes dossiers avant de partir, en pensant les reprendre 8 semaines plus tard, là où je les avais laissés. 

Ce que je n’avais pas anticipé, c’est que je ne reviendrai pas en étant tout à fait la même personne. Au-delà de mon emploi du temps, je n’avais plus les mêmes envies, les mêmes priorités et la même énergie. 

Ne pas laisser la place à l’imprévu (trop préparer) 

Tout prévoir au millimètre, cela peut s’avérer être un cadre rassurant. Seulement, ça n’est pas la vie. Et c’est encore moins la vie avec un enfant. 

J’ai beaucoup aimé cette phrase qui, je trouve, résume très bien la maternité : “expect the unexpected” (prévoit l’imprévisible. Désolée pour mon coté Jean-Claude Van Damme).

Attention, **spoiler alert** : rien ne va se passer comme prévu. Tu ne sais pas si ton bébé va être un gros dormeur, s’il fera à l’inverse des siestes de 20 minutes, si la nounou/crèche va être disponible quand tu auras prévu cette réunion avec tes investisseurs…  

Me donner la possibilité de restructurer mon business model a été une nécessité pour répondre à la problématique de flexibilité de mon emploi du temps

Comment j’ai préparé mon congé maternité d’entrepreneur à ma deuxième grossesse 

Forte de cette expérience chaotique avec mon ainé, j’ai décidé pour ma deuxième grossesse de ne pas faire les mêmes erreurs. Et oui, on apprend malgré tout. Voici ce que j’ai mis en place et que j’aurais aimé connaître pour ma première grossesse :

Accepter le changement

Je pense que si mon 2ème congé maternité s’est mieux passé c’est en partie parce que je n’avais pas à me confronter au changement de statut ou d’avoir à faire le deuil de “ma vie d’avant”. 

À ce titre, accepter que ta vie va changer, que tu ne seras pas la même personne de l’autre côté, c’est déjà faire la moitié du boulot dans l’organisation de ton congé maternité

Mais, changer ne veut pas dire en moins bien. Tu vas changer en mieux. Un peu comme un Pokémon. Tu vas évoluer vers une version encore plus badass de toi-même. Accepte-le. Ton corps change. Ça n’est pas sale (#refannée90).

Quand prévenir son entourage professionel

Ah la grande question : quand annoncer sa grossesse ? He oui, car on a toujours peur que ses clients et collaborateurs prennent la poudre d’escampette face au plus grand fléau du monde du travail : la femme enceinte. 

Pour ma part, j’ai annoncé ma grossesse 6 mois avant. Et à ma grande surprise, cela a boosté mon chiffre d’affaires. En effet, plusieurs clientes m’ont confié que, l’annonce les avait poussé à ne plus procrastiner et à démarrer un accompagnement avant que je ne parte 6 mois en congé.

Ce que je veux te dire, c’est qu’on a beaucoup de croyances négatives. Mais un congé peut aussi être une belle annonce. Personnellement, je pense qu’être le plus transparent possible permet de limiter les malentendus. Aussi parce qu’à partir du 2 ème trimestre, j’ai commencé à être plus fatiguée physiquement et ne plus être focalisée de la même façon (Tu peux regarder le fil de mon Insta, les valises sous les yeux ne mentent pas). Cela m’a enlevé en plus la pression de devoir mentir et assumer pleinement mon état. 

L’argent 

Le nerf de la guerre. S’arrêter oui, mais encore faut-il pouvoir continuer à mettre à manger sur la table. L’avantage, c’est que tu as 9 mois pour préparer un plan financier pour continuer à générer des revenus pendant ton absence, qu’elle soit totale ou partielle. 

J’ai eu mes deux enfants à l’étranger. Par conséquent, je n’ai aucune idée de comment se passent les indemnités de congé maternité en France. Ce que je sais, c’est que je n’ai rien touché pour mes 2 grossesses. Pardon, 300€/mois pour la 2 ème. 

Pour ce 2 ème accouchement, qui je le savais serait le dernier, j’ai eu envie de prendre 6 mois. Un luxe qui a été possible, pas par de la chance (comme je l’ai souvent entendu), mais parce que j’ai regardé mes chiffres, estimer combien j’avais besoin pour financer ce congé maternité par mois et imaginé des revenus indépendants de mon temps de travail. J’ai aussi anticipé 2 mois de revenus après mon retour pour me laisser le temps de retrouver des clients. 

La Dream Team

J’aurai peut-être dû commencer là car, c’est je crois ce qui, de loin, a vraiment fait la différence. Il faut un village pour élever un enfant. Il en faut de même pour faire naître une mère-entrepreneure. Car oui, accepte-le, tu vas devenir mère et entrepreneure. Et à ce titre, tu vas avoir besoin de toute l’aide du monde pour t’entourer car tu vas être pas mal occupé à créer la vie. 

Demander de l’aide ne fait pas de toi une mauvaise mère ou une mauvaise entrepreneure. Cela fait juste de toi une femme avisée et au courant de ses propres limites. 

Pour ma part, j’ai construit dans les mois avant mon accouchement une Dream Team : 

  • A commencé par mon chéri, le papa de mes fils. Nous avons décidé ensemble de faire des enfants et, pour moi, il a été clair dès le début qu’il serait impliqué à 50/50. Il a pris 2 mois de congé. Pas pour les vacances d’été mais pour être là les 2 premiers mois. On a été une team et à aucun moment je ne lui ai fait sentir que je savais mieux que lui ou que j’étais plus légitime. On a appris ensemble. 
  • J’ai pris les services d’une graphiste/content manager, qui s’est occupée de faire vivre sur les réseaux ma société pendant mon absence. Elle a aussi été mon deuxième cerveau quand le premier battait de l’aile. 
  • Ma Doula. Clairement, je ne voulais même pas en entendre parler à ma première grossesse. Convaincue que les femmes accouchaient depuis la nuit des temps et que je n’avais besoin de personne. Ahahah. Au-delà de la préparation à l’accouchement, elle a été d’une aide inestimable pour m’aider à faire tomber mes croyances et lâcher-prise. 
  • Ma coach business. Fort de mon expérience de la première grossesse, je savais qu’il me serait difficile de remettre le pied à l’étrier après un si gros chamboulement. J’ai fait appel à une coach qui m’a aidé à reprendre pied 3 mois après mon accouchement et préparer mon retour. 

Le temps. 

On voit souvent le congé maternité comme un caillou dans le monde du travail qui doit nécessiter une performance linéaire et constante. Or, on peut aussi envisager le développement de manière cyclique et non linéaire. D’ailleurs, si tu regardes, n’importe quelle courbe de progression, comme les visites sur ton site par exemple, tu te rendras compte qu’on est plus sur des “dents de scie” que sur une ligne droite. 

Le cycle s’inscrit dans une temporalité différente. Une alternance de temps lents de récupération et d’accélérations. 

Le congé maternité peut aussi s’inscrire dans ce temps de réflexion et de pause, nutriment essentiel à la créativité. 

En conclusion, nous avons plus à gagner à préparer notre congé maternité “comme des femmes”. Il est plus efficace de se faire porter par la vague, quitte à arriver sur des terres inconnues, plutôt que de nous épuiser à nager à contre-courant. 

Dis-moi dans les commentaires si tu as aimé cet article et partage-le à une amie entrepreneure qui préparerait son congé maternité. 

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